La chimio – partie 1

La toute première fois que j’ai entendu parler de chimio, j’ai eu peur. Pas pour ce que la chimio était mais par ce qu’elle sous-entendait. C’était il y a 3 ans, c’était lors du cancer de mon père. Évidemment, j’avais raison d’avoir peur et j’avais même de la chance de n’y être confrontée qu’aussi tard. Il n’empêche qu’à ce moment là, j’étais loin de lui géographiquement. J’ai vu les ravages de la maladie, j’ai vu que la chimio ne servait à rien d’autre qu’à lui prendre le peu de force qui lui restait. Mais de la chimio en elle-même, je n’ai rien vu.

Alors quand j’ai appris que mon petit Alphonse devait avoir de la chimio, j’en ai frémi… et je me suis posé plein de questions. La première chose que les médecins m’ont dite c’était qu’il ne fallait surtout pas comparer deux chimios entre elles, et encore moins celle d’un adulte avec celle d’un enfant. D’une part la maladie n’étant pas la même les chimios sont différentes et d’autre part les enfants sont formidables. Ils encaissent beaucoup mieux que les adultes et récupèrent bien plus vite (big up à la réflexion de l’ATSEM d’Alphonse quand je lui ai dit ça : « oh la chance ! » Pas vraiment non…) Enfin, pour une même maladie, un même traitement, les enfants ne vont pas réagir de la même façon. Bref, c’est l’inconnu.

Alors concrètement, une chimio qu’est-ce que c’est ? C’est du poison qu’on injecte dans le sang. Ni plus ni moins. On parle de cure de chimiothérapie. Une cure regroupe l’ensemble des jours pendant lesquels les produits de chimio sont injectés. Dans le protocole d’Alphonse, il a 6 cures en tout. Une toutes les trois semaines (en théorie). Avant chaque chimio Alphonse est pesé et les produits de la chimio sont préparés le jour même en fonction de son poids (au gramme près, c’est impressionnant). Les produits de la chimio vont tuer les cellules au cycle de vie court. Les cellules cancéreuses donc, mais aussi les cellules sanguines (globules blancs, globules rouges, plaquettes), les cellules de la peau, les cellules des cheveux, certaines cellules du tube digestif… Voilà pour les dommages collatéraux.

Alphonse a commencé par trois cures de petites chimios. Les médecins les appellent les chimio d’induction et les qualifient de petites en comparaison aux chimio de consolidation, beaucoup plus agressives. Comment ça s’est passé ?

Alphonse rentrait à l’hôpital le mardi. Et on lui injectait les produits les mardi, mercredi et jeudi. Le vendredi, c’était le « rinçage » et on rentrait à la maison. L’hôpital c’était pénible, bien sûr, 4 jours pour un petit bonhomme de 4 ans, c’est long. Surtout qu’à ce moment là, ce sont les nausées et les vomissements. Mais ce n’est pas le pire. Le plus dur vient après. Le mardi suivant. J8 comme disent les médecins. Lorsque l’aplasie commence. L’aplasie c’est lorsqu’il y a trop peu de globules blancs pour protéger correctement le corps humain. C’est un stress permanent. On doit prendre la température tous les matins et tous les soirs. Si jamais on dépasse 38°C, direction l’hôpital, sans réflexion. Pour 3 jours d’hospitalisation minimum. Sur les 3 cures qu’Alphonse a faites, il a fait 2 aplasies fébriles. C’est pour moi le plus gros stress. Les globules rouges et les plaquettes ? On peut transfuser (et j’en profite pour remercier chaudement tous les donneurs !) Les cheveux ? Aucune importance ! Mais le nombre trop faible de globules blancs le met à la merci de tout et de rien. Pour les chimios d’induction, l’aplasie est modérée. Je crois que le seuil le plus bas qu’Alphonse ait atteint, c’était 300 (la normal c’est entre 1500 et 5000, on parle d’aplasie quand le seuil de 500 est atteint)

Ces 9 semaines de « petites » chimio ont été éprouvantes. Mais tout s’est très bien passé. Quelques jours moins biens, mais beaucoup de rires et de bonnes humeur, et surtout quelques jours à la maison. Maintenant nous sommes dans les chimios de consolidation, c’est beaucoup plus dur. Je reviendrai en parler quand j’aurais réussi à prendre un peu de recul.

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